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Triptyque

Grisettes tropicales et cruches occidentales

 

Résumé

En escale sur l'île de Margarita, autrefois haut-lieu des plaisirs vénézueliens, Frédéric a appris que Samia était dans les parages. Tout en se défendant hautement de chercher à la revoir, il se demande ce qu'elle est devenue. Simple curiosité, évidemment ! Cet intérêt bien naturel explique quelques questions posées aux collègues navigateurs le long du quai Amerigo Vespucci, à Porto la Cruz...

 

Dîner entre amis – Vivre c'est oublier – Qui sait ? – Orage lointain – Enfants lointains – Toutes ces tentations ! – Réalités imaginaires – Problématique homosexualité – Exploratrices de leur « moi » – Se conduire en homme – Deux poids deux mesures – Formatage intellectuel – Niaiseries soviétoïdes – Contre toute évidence.

 

Car parler d’enquête, c’est vraiment abusif ! Je me contentais de poser quelques questions motivées par une curiosité bien naturelle. Jean-Michel hoche la tête d’un air entendu. J’insiste :

- C’est intéressant, non, cette fille qui se pose de branche en branche ? Ce qui me fait un peu de peine, c’est de voir toutes ces casseroles qu’elle trimballe… Je suis sûr qu’elle ne les mérite pas.

- Et tu voudrais lui tendre la main… pour qu’elle te crache dedans une nouvelle fois.

J’essuie mon assiette avec un morceau de pain. Jean-Michel aligne ses pilules près de son assiette. J’avale une gorgée de Gato Negro. Nous alternons les invitations à dîner, et c’était le tour de Jean-Michel. On s’est régalé de deux épaisses tranches de lomito accompagné de pommes sautées et d’échalotes dans une sauce au vin confectionnée avec le même Gato Negro. Je désigne les cachets multicolores :

- Tu as vraiment besoin de tout ça ?

- Il paraît.

Est-il vraiment malade, et à quel point ? Jean-Michel m’a parlé de problèmes de sang, qui se sont manifestés à l’occasion d’un accident, et d’une opération qu’il a subie. J’ai du mal à suivre ses explications assez embrouillées, et dont une large part met en accusation le personnel hospitalier de la Martinique, qu’il décrit comme incompétent et raciste.

Il fait nuit maintenant. Quelques lampadaires éclairent la chaussée où Toto est passé sous la voiture d’un employé de la marina. Cela doit faire tout juste trois ans, à peu de choses près...

- Tu sais, je ne reviendrai plus en Martinique, je pense. Et c’est sans doute la dernière fois que je mets les pieds au Venezuela. Mais je te l’ai déjà dit. C’est terrible, je perds la mémoire. C’est peut-être mieux. Tu sais ce que dit Nietzsche ? Il dit qu’on peut vivre heureux sans souvenir, c’est ce que montre l’animal, mais que c’est impossible de vivre sans oublier.

- C’est ce que tu devrais faire, à mon humble avis. Oublier. Tu vois ce que je veux dire.

Je vois très clairement ce qu’il veut dire. Ce n’est pas facile. Que ne suis-je un animal, pour vivre sans souvenirs ? Mais il y a trop de pense-bête. Cela fait trop longtemps que je parcours les mêmes eaux, que je m’arrête dans les mêmes îles…

- Cela dit, on n’est jamais sûr de rien, en bateau…

- C’est vrai. On n’est jamais sûr de rien, confirme Jean-Michel. Qui sait ce qui arrivera demain, la semaine prochaine, dans un an ?

Et même dans une heure. Tout est calme. Mais en l’espace d’un instant tout peut changer, un vent furieux peut transformer ce paisible bout de quai en enfer.

Des éclairs zèbrent le ciel, mais le tonnerre est lointain. Les orages, fréquents en cette saison, sont d’une extrême violence. Des pluies diluviennes transforment les rues en torrents. Les réseaux d’évacuation, insuffisants ou mal entretenus, refluent, les égouts se répandent, transformant les villes en cloaques. Les journaux relatent la colère des habitants, tout en les incitant à plus de civisme. Les fossés débordent parce qu’on jette des objets dedans. Une lectrice s’insurgeait : que faire de sa vieille bassine trouée, il n’y a pas de service d’enlèvement des gros déchets ! Une autre se plaignait des coupures d’électricité. Tout ce qu’elle gardait dans son congélateur est perdu. Le gouvernement va-t-il la rembourser ?

Un souffle paresseux fait s’agiter mollement le taud qui abrite le cockpit de « Panache ». Je me penche en arrière pour examiner le ciel. Puis, rêveusement :

- Cela fait au moins quinze jours qu’on est là… Tu ne t’embêtes pas ?

- Pas du tout. Et toi ?

- Moi non plus. J’ai deux ou trois bricoles à faire sur le bateau, je bouquine. Le soir, je regarde un bout de film. Le matin, je lis le journal en ligne…

- C’est vrai, c’est pratique avec la wifi, approuve Jean-Michel. Pour les retransmissions, c’est pas terrible, mais j’ai les résultats de tous les matchs en temps réel.

- Et pas besoin d’aller à Bahia Redonda comme autrefois pour consulter les mails. On peut même téléphoner. Tiens, au fait, j’ai enfin réussi à joindre ma fille Mathilde, ce matin.

- Et elle va bien ?

- Je pense que oui. Elle vient d’entrer en première, elle a beaucoup de travail. Elle n’a pas beaucoup de temps…

 

La vérité, c’est que notre relation est en panne, malgré mes efforts pour la faire redémarrer. Cette enfant avec qui, depuis sept ans, je parle chaque jour, faisant questions et réponses alors qu’elle est à des milliers de kilomètres, cette enfant dont j’attendais la venue avec plus d’anxiété et de joie que celle d’une maîtresse adorée, puis-je lui en vouloir ? Non, bien sûr. C’est dans l’ordre des choses. Les relations entre parents et enfants, et elles seules, ne fonctionnent pas selon le principe de réciprocité. Les parents ont des devoirs, et ne peuvent exiger en retour de la reconnaissance. Tout au plus, l’espérer.

J’avais fait son possible, dans le contexte d’une séparation qui m’a été imposée, pour que Mathilde ne doute pas de la puissance des liens m’unissant à elle. J’ai la confortable certitude d’avoir fait au mieux. En y réfléchissant, la négligence de ma fille cadette a peut-être résulté de sa conviction tranquille d’être aimée sans réserve par son père. Il faut rester disponible, comme pour Valentine. Pour autant, Mathilde ne doit pas avoir le sentiment que j’ai besoin d’elle. Ce n’est pas sur ce mode que doivent fonctionner les relations entre enfants et parents. Ce n’est pas l’exemple de la dépendance affective qu’on doit leur donner.

Soulagé d’avoir mis de l’ordre dans ma tête, je vide son verre et propose :

- On pourrait aller à Tortuga, qu’est-ce que tu en penses ?

- C’est une bonne idée. On m’en a parlé, mais je n’y suis jamais allé. Tu me guideras ?

Nous décidons de partir dès que la prochaine tropical wave sera passée.

- Dans quatre ou cinq jours, ça devrait le faire. Il faudra approvisionner pour deux ou trois semaines, et on restera le temps que tu voudras.

- Oui, ça nous fera du bien de nous mettre au vert un moment. Mais toi, tu es bien sûr que tu veux partir d’ici ?

- Naturellement que j’en suis sûr. Pourquoi tu me demandes ça ?

- C’est que… Tu es bien certain que… Ta copine, tu vois qui je veux dire, tu n’as pas l’intention de la ramener en Martinique ? Après tout, si tu le lui as dit, ce serait normal !

- Parce que tu crois, tu crois vraiment, que je me suis engagé à ça ? Mais jamais de la vie ! Ça fait des mois, huit mois au moins, que je n’ai aucun contact avec elle ! La dernière fois que je lui ai parlé c’était en janvier, à l’aéroport de Grenade, pour lui dire adios ! Je ne savais même pas qu’elle est revenue dans les Antilles !

Quelle injustice ! Toutes ces tentations auxquelles je suis fier d’avoir résisté !

Jean-Michel :

- C’est ce que tu m’as dit, je te crois. Mais alors, pourquoi elle a dit ça à Claudia, qu’elle t’attendait pour que tu la ramènes en Martinique ? Ça n’a pas de sens. Ou alors elle dit n’importe quoi…

Je présente l’hypothèse selon laquelle Samia a voulu faire l’importante, pour sauver la face. Je garde pour lui un autre face de l’explication : elle aura inventé une réalité imaginaire qui correspond à ce qu’elle espère en secret. Ainsi procèdent les enfants et les croyants, pour qui il suffit d’évoquer très fort quelque chose pour lui faire prendre consistance. Encore une fois, elle me touchait par des moyens dont elle ne suppose pas la puissance. En éclairant les actions d’une personne, on peut la détester davantage, ou l’aimer davantage. C’est toujours le sentiment qui gouverne, mais je ne me laisserai pas avoir.

Jean-Michel ne semble qu’en partie convaincu. Je lui souhaite une bonne nuit. J’enjambe l’espace vide au-dessus de l’eau. Oh ! non, on ne peut appeler cela un bond. Tout juste un court élan. Bondir, ce n’est plus dans mes moyens.

Je fais quelques pas le long du quai, enjambant les amarres se trouvant sur mon chemin. Je suis tenté par mon hamac, pour retarder le moment de retrouver la chaleur de la cabine. Je m’allonge, cale le coussin sous mon occiput, et me complaît à évoquer ces burlesques lieux de mémoire, comme autant de stations sur notre parcours : l’escalier où l’on s’est rencontré, la cabane de la Pointe Marcussy, le chantier à Saint-Martin, ce quai où l’on s’est retrouvé quand elle est revenue de Colombie, la chambre du boulevard de Montparnasse, l’aéroport de Grenade… Son ombre habite spécialement la marina Americo Vespucci. Il n’y a pas longtemps, elle dormait à quelques mètres, sur le bateau du pseudo-Jimmy. Je l’imagine, passant avec eux ces soirées alcoolisées, subissant les discours de ce penseur de banlieue (et le considérant peut-être comme une lumière), nouant une complicité avec Naima…

Samia a probablement eu des vues sur la jeune Guinéenne, et c’est sans doute pour tenter sa chance qu’elle l’a emmenée en virée. Selon Salomon, pourtant mauvaise langue, seule Naima a couché avec l’un des Italiens. L’autre Italien a répandu le bruit que Samia n’était qu’une allumeuse.

Pour elle, ce ne doit pas être aisé. Là où l’homosexualité est fréquente et pleinement acceptée, trouver une partenaire ne doit guère être compliqué. Dans ce contexte, Samia peut faire des avances assez directes. En revanche, dans un environnement où l’homosexualité est considérée comme une pratique risible ou dégoûtante, non seulement l’offre se raréfie, mais les approches doivent être précautionneuses. Il est probable que Samia a dû plus d’une fois cacher ses sentiments, dissimuler son attirance…

De grosses gouttes se mettent à tomber. Un vent léger agite la cime des cocotiers. Je m’arrache à son hamac. Les quelques lampadaires s’éteignent : une coupure d’électricité. Je passe devant chez Jimmy. Malgré l’obscurité, on me reconnaît. L’amateur d’hémoglobine et de viols collectifs me hèle pour que je vienne prendre un verre. Je refuse, prétextant l’heure tardive.

Dans « Marjolaine », un des petits hublots de la timonerie est resté ouvert. J’essuie la flaque en-dessous. Il est onze heures ou presque. L’envie de dormir m’a quitté. Je tire une Polar du réfrigérateur et allume mon PC.

 

Je pose ma bière sur la table à cartes puis me déshabille tandis que l’écran s’éclaire. Hormis une offre pour devenir membre du Club Le Figaro Select, ce qui me donnerait droit à de nombreux avantages, il y a un message de Françoise. Elle aborde le thème de la paranoïa. Ils en ont discuté au café-philo. N’est-ce pas de la paranoïa, cette peur irraisonnée que j’ai d’elle ? Puis vient l’explication : mère captatrice, crainte des femmes. La sous-psychologie des magazines féminins, dont raffolent les femmes, exploratrices enthousiastes de leur moi. Comme d’habitude, après avoir lu le mail, je le classe dans mes « brouillons » sans y répondre.

Au fond, Françoise, avec ses analyses de Prisunic, n’est pas complètement dans l’erreur. La peur que je ressens devant l’hubris féminin a peut-être à voir avec les crises de ma mère, dont j’ai souffert l’enfant, alors que je trouvais naturelles les colères de mon père. Les nerfs fragiles de cette femme, je n’en ai jamais parlé à une Françoise toujours avide d’en savoir trop. Mais point n’était besoin d’être Sigmund Freud pour deviner que la psyché des hommes peut être influencée par la relation du petit garçon avec sa maman. Et on s’en fout, n’est-ce pas ? Les hommes ont le devoir laborieux de se conduire en homme, pas d’observer leur nombril comme s’il était à lui seul une constellation zodiacale. Le lectorat du magazine « Psychologies » est constitué à quatre-vingt pour cent par des femmes.

Je passe aux nouvelles. Le déficit, la colonisation des territoires palestiniens, une petite fille jetée du sixième étage par l’amie de la mère. L'enfant s’appelait Samya, avec un « Y ». Puis j’ouvre mon forum préféré. À Munich, dans le métro, un quinquagénaire est courageusement venu à l’aide d’ados se faisant racketter. Les deux voyous l’ont tabassé à mort. Quinze personnes se trouvaient à proximité. Aucune n’a bougé. J’imagine le malheureux appelant à l’aide. J’y serais allé, j’en suis sûr ! Je les aurais rameutés ces lâches ! Je les aurais exhortés : Amis, soyez des hommes ! Souvenez-vous de votre ardeur impétueuse.

En y réfléchissant, je me rends compte que ces hommes n’ont rien de commun avec les guerriers achéens. Je m’imagine plutôt sortant une arme de ma poche, faisant fuir ces misérables, sauvant la vie de cet inconnu et m’éclipsant discrètement…

Toujours sur le même fil, un correspondant révèle : le conseil municipal de Paris a été décalé en raison du Kippour. C’est donc vrai, ce que m’a dit Mathilde ce matin au téléphone, pour expliquer pourquoi elle n’était pas en classe. Le jour du Kippour, on donne congé aux lycéens. Comment refuser aux uns ce qu’on accorde aux autres ?

Afin de retarder le moment de me coucher, avec l’illusion que je dormirai mieux, je parcours la liste de mes films et choisit au hasard une série télévisuelle tournée en 1969, dans laquelle mon père a tenu un rôle minuscule. Il s’agit de « Jacquou le Croquant ». Cela se passe avant la Révolution. Il y a l’admirable révolutionnaire, tué par l’abominable aristocrate, la mère héroïque, l’enfant qui affronte tous les dangers et finit par prendre une part déterminante dans la lutte contre toutes les injustices. Je saute des épisodes, puis j’éjecte le DVD. Le film est signé Stellio Lorenzi. Un parent de l’excellent jazzman amateur ? Wikipédia n’en dit rien. J’apprends en revanche que Lorenzi était membre du Parti Communiste. À l’époque, c’était un des réalisateurs les plus en vues de la télévision française, avec Marcel Bluwal, cinéaste engagé ; engagé, comme Danielle Minne, comme Boudarel. Engagé dans la grande armée des fabricants du formatage intellectuel. Bluwal, après treize ans d’absence des plateaux, a rempilé à quatre-vingt trois ans pour tourner une série intitulée « À droite toute ! », sur la montée de l’extrême-droite avant la Seconde Guerre mondiale.

Un film sur la Cagoule, pourquoi pas ? Mais si l’on aime les sujets historiques, pourquoi aucun film qui ait pour toile de fond le pacte germano-soviétique ? Le volte-face instantané des communistes français pris à contre-pied, la façon dont ils ont passé à la trappe leur complicité avec le nazisme, n’est-ce pas un cadre merveilleux pour de nombreux drames humains ruisselants de réalisme ? Si l’on aime traiter de l’Occupation, pourquoi pas un film sur les premiers résistants, dont la plupart étaient de droite, alors que les collabos, dans l’ensemble, venaient de la gauche ? Pourquoi pas un film sur Déat ?

Je me félicite de ne pas avoir perdu mon temps et ma patience, autrefois, en regardant sur le petit écran les niaiseries soviétoïdes dont le Français moyen a été bercé. Combien y en a-t-il, de ces réalisateurs, bons professionnels sans doute, qui sous des thèmes divers, ont fait et refait le Cuirassé Potemkine pour l'édification des masses ? J’éteins l’ordinateur et vérifie que tout est en ordre pour la nuit avant d’aller me coucher avec mon livre. Retrouver un bon bouquin, relu dix fois, c’est comme de retrouver un ami, dont on n’épuise jamais toutes les bontés.

 

Pour faire venir le sommeil, j’évoque mes enfants. Je les vois heureux et bien portants, puis je fais le bilan de la journée. J’ai fait la vidange du moteur, je suis allé à la Plaza Mayor pour m’avitailler en boissons au supermarché. En prévision du départ à Tortuga, il faudra faire les courses de frais, au marché de Puerto la Cruz. Je proposerai à mon copain d’y aller ensemble, demain.

Lechuga, calabacin, zanahorias, papas, aguacate, pimenton, ajo, cebollas… sans oublier un lomito entero qu’on se partagera. Depuis mon agression sur le chemin de la lanchita, je fais comme les copains. Je traverse le canal avec mon annexe et l’amarre à la marina Bahia Redonda, avant de prendre le bus ou le por puesto. À chaque fois que je vais en ville, je passe devant le bateau de l’ « autre ». Je me suis habitué à la vision du catamaran couleur caca d’oie accroché à ses corps-mort. Les étraves sont tournées vers le quai, et l’on peut plonger son regard dans le cockpit. Il n’y a pas signe de vie à bord de « Roudoudou ».

Je me retourne sur ma couchette. La pluie frappe le pont au-dessus de ma tête avec un roulement régulier. Une goutte froide coule sur mon dos.

C’est bien embêtant, aussi, cette espèce de supplice chinois que me fait endurer le souvenir de Samia. Ces écœurantes remontées de tendresse, il y a pourtant un remède pour les soigner. C’est comme les gargouillements d’un estomac vide. Il suffit de le remplir. Je ferai voile vers le Nord. J’irai en République Dominicaine, où les filles ne se font pas prier, selon la rumeur. Je continuerai vers Haïti, puis Cuba. Des partenaires attirantes, il y en a autant qu’on veut, trop contentes d’échapper pour un moment à leur triste condition et heureuses de partager l’existence d’un homme gentil, attentif, respectueux. Ce ne sont pas des filles vénales. Ou du moins pas plus que ne le sont à des degrés divers beaucoup de femmes. Elles sont l’équivalent des grisettes d’autrefois : des compagnes avec des droits, mais pas tous les droits, ce que croient avoir les cruches occidentales enivrées par le féminisme.

 

Le lendemain, vers neuf heures, Jean-Michel et moi traversons le canal. Nous entrons dans Bahia Redonda. Celle à qui j’ai dit adieu à l’aéroport de Grenade est assise à l’arrière du catamaran. Un baquet est posé entre ses jambes. Samia lève la tête et interrompt son mouvement. Ses bras bruns restent plongés dans l’eau savonneuse. Elle suit des yeux mon dinghy qui passe à une dizaine de mètres.

- Ne te retourne pas, je dis stupidement à mon ami, comme s’il fallait feindre de ne pas l’avoir vue, contre toute évidence.

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